I Remember Mama, George Stevens (1948)

Ma mémère bien aimée

Tendresse

Note : 4 sur 5.

Titre original : I Remember Mama

Année : 1948

Réalisation : George Stevens

Avec : Irene Dunne, Barbara Bel Geddes, Oskar Homolka

Probablement un des plus bels hymnes écrits à la famille. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de précédents à ce style familial. On en voit des traces un peu chez Capra. On le retrouvera très souvent, c’est même systématique, dans les séries TV qui viendront par la suite (d’ailleurs, il y a la matriarche Ewing de Dallas avec ses yeux plissés quand elle sourit qui joue la narratrice, l’auteur, la fille à sa maman). Il me semble qu’on retrouve un peu ça dans Qu’elle était belle ma vallée ou Les Quatre Filles du docteur March. En fait, c’est l’exposition de la vie plus ou moins dure des petites gens (ici d’immigrants mais installés depuis une vingtaine d’années). Ça vante les qualités d’humilité, la tendresse, l’attention à l’autre, la politesse… Bref, c’est un manuel sur bobines de « comment élever ses enfants ». Ça fait très chrétien. Il n’y a pas de méchant, c’est réjouissant. Que du positif. La vie est dure mais l’argent ne compte pas ; ce qui compte, c’est de donner du bonheur aux autres. Pas besoin d’un dieu, l’Amérique (enfin Hollywood) vend très bien le bonheur sans. Rien n’est forcé, même si tout est de la même couleur. L’auteur a appris sa leçon sur l’authenticité, il semblerait.

Les décors dans une petite baraque, en haut d’une de ces fameuses collines à San Francisco, sont magnifiques. On ne la quitte quasiment jamais. Tout est admirablement bien centré sur la famille, et bien sûr la “Mama” (merci à la traduction française encore une fois d’avoir parfaitement compris le film et d’avoir proposé un autre titre sans aucun rapport…, pas étonnant après que le film soit si méconnu). (Si vous ne savez pas quoi offrir à votre Mama pour Noël, ce film fera un beau cadeau.)

Étonnant de voir Irene Dunne là-dedans — magnifique accent norvégien et prothèse pour la faire grossir (je ne l’imagine pas prendre vingt kilos à l’Actors Studio). Le plus remarquable toutefois, c’est la performance énorme d’Oskor Homolka en oncle Chris. Un personnage d’ailleurs peut-être plus intéressant que celui de sainte Mama. Au début, les enfants en ont peur parce qu’il boite, parce qu’il a souvent l’œil coincé dans le cul d’une bouteille, et qu’il a la voix presque aussi bruyante que son atroce automobile. Pourtant, deux des filles finissent par l’apprécier en se moquant ensemble des deux harpies qu’elles ont comme tantes. On comprend que c’est un faux méchant. Sa fin sera l’occasion d’une longue séquence bien larmoyante, avec la révélation qui tue. L’acteur sera nominé aux Oscars pour son interprétation (comme trois actrices du film). Bien mérité. Il sera battu par un autre rôle d’ivrogne, celui de papa Huston dans Le Trésor de la sierra Madre. Ça reste la famille.

Le film rappelle parfois bizarrement Le Lys de Brooklyn tourné trois ans auparavant. Film de famille sans doute aussi, j’en ai un trop vague souvenir. Encore un de ces films autrefois adorés qu’il me faudrait revoir. C’est qu’il commence à vieillir et à ne plus se rappeler des vieilles bobines qu’il a vues papy Lim…


Tendresse, George Stevens 1948, I Remember Mama | RKO Radio Pictures


Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1948

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