Le Meilleur Film de Thomas Graal, Mauritz Stiller (1917)

Fantaisie d’une nuit d’été

Thomas Graals bästa film

Note : 4 sur 5.

Le Meilleur Film de Thomas Graal

Titre original : Thomas Graals bästa film

Année : 1917

Réalisation : Mauritz Stiller

Avec : Victor Sjöström, Karin Molander, Albin Lavén

Comédie bourgeoise qui rappelle ce que Lubitsch fera aussitôt après en Allemagne avec Ossi Oswalda et une pointe d’accent burlesque en plus.

Oui, oui, les Suédois ont fait des comédies, et pas ridicules. Et avec Sjostrom dans le rôle-titre qui se prend des vents avec sa secrétaire (Madame Gustav Molinder) (petit côté Wilder aussi puisque la secrétaire n’est en fait pas une secrétaire mais tout le contraire, donc travestissement, Wilder, Lubitsch, jusqu’à la comédie américaine, tout est là).

Facile de comprendre le succès de ce cinéma scandinave à l’époque, ce sont les mêmes recettes qu’emploiera le cinéma allemand (hors excès esthétiques de l’expressionnisme) ou celui de l’âge d’or de Hollywood… Simplicité et efficacité avant tout… Si la question du goût est souvent une question de trop ou de pas assez, faut remarquer que ce que j’ai vu jusqu’à présent de Mauritz Stiller est à chaque fois d’une justesse diaboliquement… moderne. Pour trouver des excès là-dedans, faudrait être bien difficile. Et pourtant, il accentue là où il faut : la répétition des actions spectaculaire ou comme ici la concision des scènes avec à chaque fois ou presque un nouvel espace souvent à l’extérieur, et un récit très largement découpé autour d’ellipses (à chaque nouvelle séquence, en un plan, on comprend tout de suite la situation ; Woody Allen fait ça assez souvent très bien aussi).

Ça donne un coup de vieux à tous les films projetés de 1917 vus cette année à la Cinémathèque, sans parler d’une grande part des films qui suivront jusqu’au parlant. C’était déjà remarquable avec les films « saga », Le Chant de la fleur écarlate et Johan à travers les rapides, mais on le voit déjà ici : on est face à une forme précoce de classicisme, expliquant déjà sans doute son succès. L’humour est fin (on parlera bien plus tard de Lubitsch touch), la fantaisie certaine mais légère, les péripéties ajustées comme il faut pour attirer l’attention sans la faire tomber dans l’excès, et une technique transparente pour optimiser le confort du spectateur. Et si l’esprit de la comédie américaine ne se trouvait pas là… en Suède ?

Il faut remarquer aussi que si Victor Sjostrom est convaincant dans une pièce comique (oui, ce vieux bourru qui tournera dans Les Fraises sauvages – et qui est déjà ici vieux), sa partenaire, Karin Molander joue parfaitement son double jeu avec les petits apartés qui vont bien pour créer la connivence avec le public.

1917… On est déjà en pleine mise en abîme avec un film qui traite d’un scénariste à succès. Mise en abîme dans la mise en abîme, et puis là tiens aussi, on va voir ce que tel personnage va pouvoir imaginer… nouvelle mise en abîme. Entre Lubitsch et Woody Allen. La touche suédoise… Bluffant.


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Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1917

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