Giordano Bruno, Giuliano Montaldo (1973)

Note : 2.5 sur 5.

Giordano Bruno

Année : 1973

Réalisation : Giuliano Montaldo

Avec : Gian Maria Volontè

Un film est comme l’harmonie des astres, tout doit être prévisible. Pourquoi mettre sur orbite Rampling pour l’éjecter du système aussitôt ?…

Il serait intéressant de croiser ce biopic avec Un homme pour l’éternité beaucoup plus réussi. Adapter la vie d’un savant, philosophe, emmerdeur professionnel, comme de toute autre personnalité, c’est faire face à chaque fois au même écueil : faut-il retracer sa vie à la manière d’un ronron entendu voire scolaire en respectant les passages obligés ou dictés par les grandes lignes de sa biographie, choisir au contraire un angle particulier (souvent amoureux, d’autre fois le récit d’un épisode marquant) ou s’attacher à ne montrer que la fin (ou à travers elle montrer tout le reste, façon flash-back). À la manière du Galileo Galilei de Brecht ou donc d’Un homme pour l’éternité, ici on fait le choix de nous montrer la fin, quand l’emmerdeur va trop loin et que l’autorité décide de s’en débarrasser.

Un angle pas inintéressant à première vue, seulement faut-il encore s’y tenir tout au long du film et savoir écrire des dialogues en conséquence. Or c’est mal fichu, l’introduction du personnage principal est lamentable, on le voit le plus souvent inactif, résigné, avec pour conséquente logique, un total désintérêt pour son sort. Mais dans la vie de Giordano Bruno, le plus important est-ce vraiment sa fin ? On sait de lui qu’il a fini brûlé pour ses idées (c’est peut-être parfois la seule chose qu’on connaisse de lui), mais son procès (entre le Brecht et Jeanne d’arc) vaut-il plus la peine d’être montré que la découverte ou l’expression au monde de ces idées ?

Tout le monde n’a pas Robert Bolt sous la main (ou Brecht), et c’est bien là que l’exercice se complique. Un biopic doit trouver à s’inventer une matière dramatique en rendant digeste et systémique une « histoire vraie ». Raconter l’Histoire ce n’est pas raconter une histoire, c’est se contenter de l’illustrer. Faut “dramatiser”. Et Giuliano Montaldo a beau se démener pour proposer une jolie mise en scène, il ne sait pas où il va, pas plus que Gian Maria Volontè qui ne trouve le bon rythme que dans la scène du réquisitoire, scène attendue où pour une fois semble-t-il il semble savoir ce qu’il a à faire devant la caméra avec un texte qui va au centre des choses.

Exercice difficile. Parfois il faut peut-être aussi ne pas respecter l’homme qu’on met en scène, comme l’avait fait Fellini avec son Casanova ou Forman avec Amadeus. Un film ne peut être qu’informatif, et comme il ne le sera jamais aux yeux des spectateurs, autant jouer à fond la carte de l’irrespect. Sans audace, pas de génie. L’angle, ce n’est pas seulement dans son sujet qu’il faut le trouver dans le genre si particulier du biopic, mais bien aussi dans le ton. Et la personnalité de ce Giordano Bruno, en tout cas telle qu’illustrée dans le film, n’a rien de bien exaltant.


Giordano Bruno, Giuliano Montaldo 1973 | Compagnia Cinematografica Champion, Les Films Concordia


 

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