Martin Roumagnac, Georges Lacombe (1946)

Note : 3 sur 5.

Martin Roumagnac

Année : 1946

Réalisation : Georges Lacombe

Avec : Marlene Dietrich, Jean Gabin, Daniel Gélin

On est parfois si bien à travailler avec des amis qu’on en oublie que l’étincelle chez le public, elle brille de l’incertitude, des petits silences qui se toisent et des flirts entre amants. Manque la tension, quoi. Entre Gabin et Dietrich surtout. Lacombe ne semble pas flairer le problème parce qu’il les laisse aller comme deux vieux amants qui n’ont plus l’air que des frères et sœurs. Comme c’est affreusement bavard, s’appuyer sur le texte peut paraître pour tout le monde un appui assez pratique, or c’est souvent un piège. Résultat, tous les moments forts sont ratés, car vite expédiés, ou mal exploités. Ce n’est pas tant que c’est bavard, mais bien que le jeu de la jalousie et de la pute éperdue ne prenne jamais. Si ce n’était par les dialogues, ça devait passer par les gestes, les attitudes, les regards. Mais rien ne se passe.

Il y a aussi comme un creux, ou un détour, qui prend mal sur la fin, celui de la judiciarisation de l’affaire si on peut dire. Laisser Dietrich pour morte alors qu’on la sent si engagée à gommer jusque-là tout ce qui pourrait rester d’accent allemand, c’en est bien triste, et on se sent comme orphelins, laissés avec un homme devenu un vulgaire connard. Il y a quelque chose, là encore, qui prend jamais : les remords de Gabin. On l’imagine déjà mal jaloux au point de tuer sa belle, mais jouer les filous et culpabiliser sur le tard, ce n’est pas trop dans le registre du bonhomme. Suffit parfois d’un plan pour remédier à ça, mais Lacombe ne semble être bon qu’à suivre une partition dictée pour lui par des lignes de dialogues et des situations romancées.

En revanche, l’interprétation est remarquable. Peut-être trop justement, car à force de chercher à être juste, nature, simple, on passe à côté de la situation, et de la logique de mise sous tension d’une intrigue. Dans un cinéma naturaliste pourquoi pas, mais justement là, on est dans autre chose, d’un peu baroque certes, passant de la romance au film de prétoire, mais pas grand-chose à voir avec un petit réalisme à La Belle Équipe (dont le finale « fait divertissant » souffrait justement déjà d’un mélange de genres impossible et tournait là encore à l’impasse). Faut voir Dietrich en français pour voir son talent, et ce malgré un haut de visage dessiné à la Playmobil.


Martin Roumagnac, Georges Lacombe 1946 | Alcina


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